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Se sentir bien au travail, c'est avant tout bien s'oxygéner

Quel est l’impact de la qualité de l’air sur le bien-être des collaborateurs ? Comment veiller à garantir un air sain ? Pour proposer à chacun un environnement de travail dans lequel il se sent bien, il est indispensable de leur permettre de s’oxygéner le corps et l’esprit correctement. Les performances n’en seront que meilleures.

Garantir la qualité de l’air au cœur de l’environnement de travail, c’est à la fois veiller à la santé des collaborateurs, garantir leur bien-être et leur bonne forme et soutenir leur productivité. Si cela peut paraitre évident, une étude, menée par le Centre of Health and the Global Environment de l’école de santé publique T.H. Chan de l’Université de Harvard, a évalué les gains de performance des collaborateurs évoluant dans un espace de travail bien ventilé, où les niveaux de polluants intérieurs et de dioxyde de carbone sont inférieurs à la moyenne des bâtiments. Les résultants sont éloquents.

Des performances deux à trois fois supérieures

« Il en ressort que les performances cognitives des personnes travaillant dans un environnement où l’air est de bonne qualité sont deux fois plus élevées que celles d’individus évoluant dans un espace de travail conventionnels », commente Julien L’Hoest, administrateur d’Energie & Environnement, bureau d’ingénieurs-conseils, partenaires d’un développement plus responsable.

Plus précisément, les chercheurs ont comparé les performances en considérant neuf domaines de la fonction cognitive. La qualité de l’air permet des gains de performances supérieurs lorsque l’on considère la réponse aux crises (+131% par rapport à un environnement conventionnel), la stratégie (+288%) et l’utilisation de l’information (+299%). Garantir un air de bonne qualité offre des perspectives de gains de productivité non négligeables et, surtout, permet aux collaborateurs de se sentir mieux dans leur travail.

Un enjeu clé pour la santé

Savez-vous que nous passons 90% de notre temps à l’intérieur, entre les bureaux, les transports et le domicile ? Et que l’air intérieur, selon l’OMS, est jusqu’à huit fois plus pollué que l’extérieur ? D’après une étude réalisée par l’Université de Purdue en 2019, le niveau de pollution de l’air est encore plus élevé dans des bureaux organisés en open-space. Dans ces espaces, les utilisateurs seraient confrontés à un air 10 à 20 fois plus pollué qu’à l’extérieur.

« Dans des espaces clos, l’air est plus ou moins saturé en particules (comme des poussières, des pollens), en Composés Organiques Volatils (COV) issus des matériaux en présence, du CO2 (émis notamment par l’homme) et en micro-organismes (virus et bactéries). Plus on est nombreux au sein d’un même endroit, plus l’air sera rapidement saturé en polluants, et notamment en CO2 », poursuit Julien L’Hoest.

Il est également primordial de limiter l’entrée de polluants contenu dans l'air extérieur, notamment dus au trafic routier (oxydes d’azote, particules fines et COV ) en positionnant adéquatement les bouches de prise d’air extérieur.

Or, nous respirons entre 12 et 15.000 litres d’air chaque jour. Prenant conscience de cela, on comprend l’importance de la qualité de l’air sur notre santé.

Comment garantir la qualité de l’air dans un environnement de travail ?

Plusieurs standards environnementaux liés au développement et à l’utilisation des bâtiments abordent cet enjeu. La certification WELL, qui s’attache plus particulièrement au bien-être des utilisateurs d’un bâtiment, considère les enjeux de la qualité de l’air selon plusieurs paramètres. La certification BREEAM intègre de son coté des exigences relatives à la mise en place de filtre sur les centrales de traitement d’air et à la présence de sonde CO2 pour les salles à occupation variable, par exemple un auditorium.

     

Opter pour des matériaux de qualité

« Il s’agit de considérer ces enjeux dès la construction ou la rénovation d’un bâtiment, en veillant à la gestion de la poussière et de l’humidité, en mettant en place les équipements appropriés, comme des conduites de ventilation ou de filtres garantissant la qualité de l’air intérieur, commente Julien L’Hoest. A cette étape, il s’agit d’opter pour des matériaux de qualité. Les composés organiques volatils, en effet, émanent des matériaux de construction, de la peinture utilisée, du mobilier de bureau… »

Faire les bons choix, dès le départ, permet de limiter l’émission de ces composés qui peuvent nuire à la santé.

Afin de guider les choix, il existe des labels certifiant les faibles émissions de polluants pour les matériaux de construction, comme le label Natureplus, Emicode, BlauerEngel ou encore l’étiquette française « Emissions dans l’air intérieur », bien que cette dernière soit basée sur des critères qui sont aujourd’hui dépassés.

Durant l’exploitation d’un bâtiment, les produits ménagers peuvent aussi constituer une source de polluants en air intérieur dans les milieux confinés, peu ventilés. Une attention particulière doit donc être portée aux choix de ces produits, à travers par exemple la mise en place d’une charte relative aux produits de nettoyage.

L’importance du renouvèlement de l’air

C’est la ventilation, avant tout, qui contribue à maintenir la qualité de l’air au sein d’un espace intérieur. Renouveler l’air peut s’opérer de diverses manières, naturellement ou mécaniquement. L’enjeu, toutefois, est de renouveler l’air intérieur pour diluer les polluants atmosphériques générés par l'homme et les matériaux en présence.

« Assurer une bonne ventilation des espaces implique de prendre en considération de nombreux paramètres, liés aux bâtiments et à ses éléments techniques, aux diverses surfaces et à leur occupation, au système de chauffage en présence, précise Julien L’Hoest. Si, parfois, ouvrir les fenêtres permet de renouveler l’air, les concepts énergétiques mis en œuvre dans les nouveaux bâtiments ne le permettent pas. Il faut donc recourir à une ventilation mécanique – à simple ou à double flux – en veillant à bien la dimensionner, en prenant en compte les polluants émis par les aménagements intérieurs. Les normes de dimensionnement imposent d’assurer un renouvellement d’air plus important lorsqu’il n’est pas possible de démontrer que les matériaux employés pour les aménagements présentent des émissions de polluants très faibles. »

Lors de la construction ou de la rénovation d’un bâtiment, la qualité de l’air doit aussi être pensée en phase chantier. L'évacuation des polluants lors de la réception du chantier est essentielle pour offrir aux futurs occupants un air de qualité. La surventilation, aussi appelée flush out, permet le rejet accéléré des polluants contenus dans les matériaux vers l'extérieur du bâtiment.

Surveiller la qualité de l’air

La certification WELL précise notamment que : « en raison des fluctuations de la qualité de l’air, il est important d’installer des capteurs et des détecteurs de qualité de l’air dans chaque bâtiment. Étant donné que la qualité de l’air peut fluctuer tout au long de la journée dans chaque bâtiment, une surveillance en temps réel est nécessaire pour corriger rapidement tout écart dans les paramètres de qualité intérieure et minimiser l’exposition des occupants aux polluants.

Le niveau de CO2 est aujourd’hui assez simple à contrôler, grâce à des détecteurs, et permet de donner un bon aperçu de la qualité de l’air. La ventilation mise en place doit notamment permettre de s’assurer que le niveau de CO2 reste idéalement inférieur à 750 ppm et ne dépasse pas 900 ppm.

Bien respirer, c'est aussi pouvoir bouger

Maintenir une activité physique régulière ou encore sortir s’aérer permettent aussi de mieux respirer, de s’aérer le corps comme l’esprit. Dans cette optique, au-delà de la qualité de l’air, la certification WELL considère aussi la possibilité offerte aux utilisateurs d’accéder à des espaces extérieurs naturels ou encore celle de pratiquer une activité sportive. Elle invite aussi les organisations à promouvoir les bienfaits d’une activité physique régulière sur la santé et le bien-être de chacun.

Cet article est le troisième d’une série qui aborde les diverses dimensions d’un environnement professionnel contribuant au bien-être des collaborateurs :

  1. Les piliers du bien-être au travail
  2. Ni chaud, ni trop bruyant : l’importance du confort thermique et acoustique au travail
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