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Choisir les bons matériaux pour garantir le bien-être des équipes
Dans la conception d’un espace de travail ou d’un bâtiment professionnel, le choix des matériaux est un enjeu qu’il ne faut pas sous-estimer. S’il s’agit de veiller à la santé des collaborateurs, en limitant notamment la présence de composés volatils nuisibles, les matériaux jouent aussi un rôle important au niveau de l’ambiance et du bien-être. En la matière, rien ne vaut le naturel.
Permettre à tous de vivre en bonne santé et promouvoir le bien-être de tous à tout âge est d’ailleurs un des 17 objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies.
Un espace de travail performant, c’est avant tout un lieu dans lequel chaque collaborateur se sent bien et peut évoluer sereinement, en pleine santé. Ces dernières années, au-delà des enjeux environnementaux, l’immobilier de bureau intègre les considérations relatives au bien-être, à la santé et au confort des utilisateurs. C’est notamment ce que promeut la certification WELL, complémentaire à d’autres normes environnementales, de plus en plus régulièrement mises en œuvre dans le cadre du développement de projets au Luxembourg.
Nous avons déjà évoqué plusieurs aspects inhérents aux critères de bien-être associés aux espaces professionnels dans le cadre de cette certification :le confort thermique et acoustique, la qualité de l’air, la luminosité. Dans cet article, nous souhaitions aborder les enjeux relatifs au choix des matériaux.
Limiter l’exposition à des composés nuisibles
L’un des enjeux liés au choix des matériaux mis en œuvre dans le développement d’un immeuble ou d’un espace de travail est d’offrir aux occupants un environnement sain. Il s’agit principalement de limiter l’exposition des utilisateurs à des produits toxiques présents dans de nombreux éléments utilisés pour construire ou fabriquer les éléments constitutifs d’un bâtiment.
WELL impose, par exemple, d’évaluer les risques inhérents à la présence de composés chimiques qui ont longtemps été présents dans les matériaux de construction et de prendre des mesures pour prévenir et restreindre l’exposition humaine à ces produits. Si on a désormais considérablement réduit ou interdit le recours au plomb, à l’amiante, au mercure ou aux polychlorobiphényles (PCBs) dans la fabrication des matériaux, il n’est pas rare que l’on en retrouve encore des traces dans certains bâtiments existants. On parle alors de composés hérités.
Exigences de transparence
D’autres classes de produits chimiques, comme les composés alkyles perfluorés (PFC), les orthophtalates, certains métaux lourds et les retardateurs de flamme halogénés (HFR), sont encore souvent utilisés dans certains éléments en raison de leurs performances supérieures. Les impacts sur la santé et l'environnement de tels produits sont avérés délétères.
WELL fixe des exigences de transparence. Il s’agit, dans la conception ou le développement d’un espace, d’obtenir des déclarations sanitaires de produits (HPD), des déclarations environnementales de produits (EPD) ou autres fiches démontrant qu’il n’y a pas de substances potentiellement toxiques dans les matériaux. Au niveau de la conception, on veillera à privilégier des alternatives à tout matériau dont on sait qu’il peut potentiellement nuire à la santé.
Dans le référentiel WELL v2, il existe une condition préalable et quatre fonctionnalités d'optimisation qui traitent spécifiquement des composants organiques volatils (COV). Tous les nouveaux projets doivent répondre à cette condition. Cela implique un test de la qualité de l’air intérieur pour les COV lors de la vérification des performances en post-construction. Il est obligatoire que le formaldéhyde et les composants COV soient mesurés dans le bâtiment. Ils devront être conformes aux niveaux de concentration autorisés
Dans le cadre d’un BREEAM fully-fitted, des critères d’émissions relatifs aux choix des matériaux sont également d’application, ainsi qu’un test de la qualité de l’air intérieur du bâtiment.
Opter pour des matériaux et des produits sains
Au-delà de l’enveloppe du bâtiment, il faut tenir compte d’autres sources de composés organiques volatiles nuisibles comme le mobilier, l’isolation, les revêtements de sol, les peintures, les colles et vernis, les adhésifs et les produits d’entretien dans une moindre mesure...
Ces éléments peuvent introduire de manière significative des COV dans les espaces de vie pendant environ un à deux ans, et parfois provoquer des concentrations élevées dans les espaces clos. La sélection de produits à faible émission de COV ou sans émission de COV est essentielle pour prévenir la détérioration de la qualité de l'air.
Dès la rédaction des cahiers des charges, des labels peuvent être préconisés pour les matériaux situés à l’intérieur de l’enveloppe étanche du bâtiment. La certification BREEAM préconise notamment les labels suivants dans le cadre du critère HEA 02 indoor air quality : EMICODE, GUT, Indoor Air Comfort®, natureplus® eco-label, eco-INSTITUT-Label, M1 Emission Classification of Building Materials, FloorScore®, GREENGUARD Certified or Gold.
Lors de l’utilisation du bâtiment, une ventilation avec un débit adéquate permettra d’évacuer les polluants et l’humidité, et de maintenir un air intérieur sain.
Intégrer la nature au niveau de la conception
Veiller au bien-être de ses collaborateurs implique aussi de leur proposer des espaces leur permettant de se ressourcer ou contribuant à atténuer les effets de la fatigue liée au travail. Dans cette optique, intégrer des éléments naturels (et même la nature elle-même) au cœur des espaces de travail contribue à soulager le stress et la fatigue mentale.
La certification WELL valorise d’ailleurs les bâtiments qui ont une majorité de postes de travail avec une vue directe sur des plantes d'intérieur, éléments aquatiques ou vue vers la nature (WELL, section MIND, M09 Accès amélioré à la nature).
La démarche relève de la biophilie, un domaine qui vise à répondre au besoin psychologique des êtres humains d’être connectés à la nature, entourés de vie. Comment cela se traduit-il à l’échelle d’un espace de travail ? Par exemple, en plaçant des plantes ou d’autres éléments naturels au cœur des espaces de travail. Une exposition aux plantes a été associée à une diminution des niveaux de pression sanguine diastolique, de dépression et d'anxiété, à une augmentation de la capacité d'attention, à une meilleure récupération du stress professionnel et à un bien-être psychologique accru.
La biophilie, toutefois, ne se limite pas à l’intégration d’éléments naturels. Elle tient compte de la conception des espaces, selon des modèles rappelant ceux qui prévalent dans la nature, permettant à chacun de se ressourcer quand le besoin se fait ressentir. L’interaction même avec la nature entre en considération, au cœur de l’immeuble ou au niveau de l’environnement jouxtant le bâtiment.